Que se passe-t-il en Australie ?
Flashback est un format s’arrêtant sur un fait marquant de l’actualité politique du mois. Alliant illustration et billet d’humeur, il peut être perçu comme un éditorial dans lequel le dessin et le texte se complètent et se répondent…
Vous avez sans doute dû voir certaines images des incendies de forêts qui font rage en Australie depuis août dernier. Ceux-ci se sont intensifiés en décembre avec des pics de température à 50 degrés, un record jusqu’alors. Dans ce Flashback nous avons décidé de nous pencher sur cette situation qui à nos yeux montre bien l’urgence de la question climatique en 2019 mais aussi en ce début 2020.
© Antonin renard pour l’alter ego / APJ
Que se passe-t-il en Australie ?
Des incendies de forêt font donc rage depuis le mois d’août dernier sur l’ensemble du territoire australien, territoire principalement peuplé dans le sud et sur les côtes littorales. L’intérieur du territoire est peu fort démographiquement parlant et est rempli d’une flore et d’une faune foisonnante : des incendies sont donc préjudiciables pour celle-ci. Si les incendies ont principalement lieu dans la région de la Nouvelle-Galles-du-Sud, c’est-à-dire aux environ de Melbourne ; ils touchent la majeure partie du pays mais aussi de la région : des fumées sont perceptibles jusqu’en Nouvelle-Zélande.
Le bilan de l’incendie n’est pas encore bien connu, en particulier du fait de son actualité mais ses premières conséquences se manifestent déjà. La faune de la Nouvelle-Galles-du-Sud aurait été fortement impactée : d’après le ministère de l’écologie australien, 30% des koalas se seraient éteints sur les 28 000 spécimens recensés dans la région. Du côté de la flore : depuis le mois d’août l’Australie a perdu 3 millions d’hectare de forêt, soit l’équivalent de la Belgique. Ces deux estimations ne sont que des arbres cachant la forêt de conséquences environnementales induites par les feux en Australie : baisse de la qualité de l’air et des sols, disparition d’une partie de la faune et de la flore, disparition d’habitats naturels… Les retombées sont et seront multiples et d’une gravité quasi-inédite : ce qui montre l’urgence absolue de la situation.
Du point de vue de la population humaine australienne, les premières conséquences de ces feux se font aussi ressentir. Les habitants de Sydney, exposés aux fumées toxiques dégagées par les incendies, sont face à une situation d’urgence publique. Et ce, d’autant plus que la ville enveloppée par les incendies, lutte contre la propagation des feux depuis plusieurs jours. Mi-décembre, une vingtaine d’organisations de médecins telle que le Royal Austrasalian College of Physicians, ont émis une déclaration collective enjoignant les dirigeants du pays à faire cesser cette pollution atmosphérique. En décembre, une hausse de 48% a été enregistrée pour les patients atteints de difficultés respiratoires reçus aux urgences, cette hausse a atteint son apogée le 11 décembre avec 80% de patients présents pour causes de problèmes respiratoires. Il y a donc une urgence de santé publique. Par ailleurs, les alentours de Melbourne ont aussi été menacés : pour le premier de l’an, les incendies s’aggravant et atteignant la banlieue de Melbourne, des populations se réfugient sur des plages, et doivent quitter leur domicile. 100 000 personnes ont été contraintes de quitter leur domicile, ne sachant pas si elles le reverront un jour ou l’autre. Des domiciles ont donc été détruits. Au-delà de ces premières conséquences, il est tout à fait possible que la production agricole australienne soit lourdement marquée : les sols seront sans doute moins fertiles, des cultures ont été lourdement impactées et la pollution de l’air ne risque pas de remédier à ce problème.
Ainsi, les incendies de forêts en Australie sont à juste titre extrêmement préoccupants pour le devenir de la biodiversité du pays mais aussi et surtout par le fait qu’ils soient une manifestation on ne peut plus probante des incendies de forêts en Australie. Ces incendies d’une gravité sans précédent montrent aussi un des aspects observés au sein de la lutte climatique en 2019 : la surdité des gouvernants face au réchauffement climatique.
Les incendies australiens : démonstration probante de la surdité d’une partie de la population face au réchauffement climatique
Les autorités australiennes prennent des mesures et semblent conscientes des retombées écologiques de ces incendies : des moyens considérables ont été utilisés pour mettre fin à cette situation. Toutefois, une inconscience collective est présente : pourtant interdite de feux d’artifices au vu de la situation, la ville de Sydney a décidé de braver cette interdiction pour faire profiter sa population des sempiternels spectacles de fin d’année. Après tout, quitte à voir du feu et à vivre une dernière fois autant admirer l’artificiel dans le ciel pour ne pas baisser les yeux vers le réel. Il y a donc ici une réelle inconscience générale : s’il y a volonté de calmer les incendies, certaines actions des autorités ne font qu’empirer le problème général.

Les incendies de forêts en Australie montrent bien la surdité et le fossé impressionnant qu’il y a entre la réalité d’un réchauffement climatique qui se veut de plus en plus criante et l’absence de reconnaissance de ce fait par les autorités mondiales qui préfèrent jouer la politique de l’autruche. Quand bien même des forêts centenaires brûlent en Sibérie, en Amazonie ou encore en Australie, quand bien même la banquise fonde de plus en plus vite, que des températures records atteignent l’entièreté du globe, et quand bien même une jeune fille de 16 ans vienne se présenter devant l’ONU déclarant que les autorités par leur inaction, ont gâché son enfance : les grands de ce monde font la sourde oreille. La communication autour de l’écologie se veut plus attrayante pour eux que la vraie politique concrète : par des slogans tels que “Make our planet great again”, le greenwashing se veut nettement plus racoleur auprès des grandes entreprises, des lobbys et des firmes transnationales que des actions concrètes, allant dans le sens d’un changement concret de système économique, d’une décroissance profonde et d’une politique de consommation nettement moindre. Au profit de la foisonnante faune et flore de notre planète, l’argent semble être maîtresse et cette surdité ne semble que plus criante face aux premières retombées massives du réchauffement climatique apparues en 2019.
Si l’année 2019 s’est achevée sur l’incapacité de répondre de manière pertinente à la propagation d’incendies de forêts à l’échelle mondiale : la situation en Australie le montre parfaitement, d’autant plus qu’elle est toujours d’actualité. Face à cette urgence : comment ne comprendre l’embrasement général d’une partie de la société civile en 2019 ? Lorsque des incendies ravagent les forêts sibériennes, que le gouvernement russe ne réagit pas et que des prêtres orthodoxes se retrouvent à jeter de l’eau bénite sur les forêts pensant pouvoir éteindre les forêts : comment rester calme et serein.e face à l’incongruité, au ridicule d’une telle solution ? Comment rester passif.ve lorsque Greta Thunberg déclarant en larmes à l’ONU que le réchauffement climatique a ruiné sa vie future, se voit railler par les dirigeants des grandes puissances mondiales ou bien se voit expliquer l’importance de la joie lorsqu’on a seize ans par des lobbyistes pétroliers ?
Si 2019 a marqué l’éveil d’une partie de la société civile face à la situation climatique que nous connaissons, 2020 apparaît donc comme une année décisive face à une urgence qui se veut de plus en plus criante et dont les effets s’aggravent de jour en jour par une inaction des gouvernements mondiaux. A ce dialogue de sourds opposant gouvernants et gouvernés, baby-boomers consuméristes et jeunes prônant la déconsommation, capitalistes et anticapitalistes, greenwashing et actions concrètes : les consciences dirigeantes seront-t-elle éveillées sans l’embrasement d’une partie de sa population ?