Le futur alarmant de l’environnement brésilien
La rédaction international de L’Alter Ego a décidé de vous proposer un petit tour d’horizon des événements qui l’ont marquée à l’international en 2018. Pour cette première partie de la rétrospective, nous aborderons certains sujets tels que l’écologie ou encore la question de l’immigration, qui ont ponctué l’an 2018. Nous vous emmènerons également en Chine, au Brésil, au Yémen ou encore au Nicaragua.
Après l’élection de Jair Bolsonaro, que craindre pour l’écologie au Brésil ?
Après une campagne électorale mouvementée, le candidat d’extrême-droite Jair Bolsonaro a été élu à la présidence du Brésil le 20 octobre 2018. L’opinion publique internationale a immédiatement souligné le caractère raciste, sexiste, homophobe et conservateur des opinions du futur président. Le résultat de ces élections peut s’expliquer par une décennie de scandales de corruption impliquant les élites politiques du pays. Au cœur de cette crise éthique, morale et fiscale, une partie de la population semble avoir trouvé une réponse au « ras-le-bol » général dans le programme du candidat. Celui-ci promet en effet de grands changements pour le pays, aussi bien sur le plan de la lutte contre la corruption et l’insécurité, qu’en faveur d’une économie ultra-libérale. Néanmoins, les mesures en faveur de la protection de l’environnement et du développement durable en sont absentes.

Un programme politique environnement allant à contre-courant des tendances mondiales
Le 23 novembre 2018, le Ministère de l’Environnement brésilien, le MMA (Ministério do Meio Ambiente), a publié son rapport annuel détaillant le taux de déforestation légal de l’Amazonie*. En un an, leur système a enregistré une augmentation de 13,7% de celle-ci, et les chiffres n’ont jamais été aussi hauts ces dix dernières années. Le Brésil est un cas singulier en matière environnementale, du fait de l’importance de l’Amazonie, de la biodiversité du pays, mais aussi de la part très importante de l’agrobusiness qui produit et exporte principalement des produits animaliers, du soja et du maïs. Le pays est ainsi l’un des grands « pollueurs » à l’échelle planétaire, notamment à cause de la déforestation, et constitue l’un des territoires à préserver pour la santé du climat mondial.
Concrètement, le programme du candidat du PSL** ne propose pas de mesures écologiques. Ce qui a pu alerter les défenseurs de l’environnement, ce sont les déclarations évoquant une sortie de l’accord de Paris sur le climat, la fusion du Ministère de l’Ecologie avec celui de l’Agriculture, ainsi que la rénovation d’une autoroute traversant l’une des régions les plus protégées de l’Amazonie, la BR-319. Bolsonaro s’est prononcé en faveur du développement de l’agrobusiness, du soutien du lobby du bœuf, et d’une exploitation au maximum des ressources du pays, ce qui inclut aussi l’appropriation des terres appartenant aux peuples autochtones ainsi que la réduction de leurs droits. Le candidat présente ainsi un programme écologique inexistant, et des politiques représentant un danger pour l’environnement
Des risques à différentes échelles
A l’échelle brésilienne, peu de conclusions peuvent être tirées à l’heure actuelle. Ce qui est certain, c’est que l’attention sera rivée sur les politiques liées à l’Amazonie, espace clé pour la protection environnementale et le développement économique du pays, pouvant être mis à mal par la potentielle sortie du Brésil de l’accord de Paris. En ce qui concerne le futur de l’écologie brésilienne, le plus probable est la pérennisation du modèle actuel de production agricole. Bolsonaro souhaite faciliter le travail du secteur agricole et encourager son développement, par exemple en assouplissant la législation des activités économiques dans des zones actuellement protégées.
A l’échelle internationale, la question écologique ne semble pas être considérée par les décideurs politiques et les foules à sa juste pertinence et dans toute son urgence. L’élection de Bolsonaro fait écho à celle de Donald Trump, dont les visions politiques excluent la protection de l’environnement. La Russie de Poutine, ou la Turquie d’Erdogan par exemple ne vont pas non plus dans le sens de la protection du climat.
Faisons-nous face à une tendance politique mondiale niant l’urgence ? L’écologie semble demeurer un point mineur dans les programmes politiques. Et alors que les publications de scientifiques se multiplient pour appeler à l’action, l’opinion publique ne manifeste pas la même préoccupation. C’est peut-être là le paradoxe de la lutte écologique : alors que les dirigeants écartent l’écologie de l’agenda national et international et que la conscience écologique individuelle semble faible, les risques restent bien réels. Sans changement de modèle économique et environnemental et sans prise de conscience politique individuelle, la multiplication de catastrophes naturelles et de désastres écologiques ne semble pouvoir qu’augmenter.
(*) : http://www.mma.gov.br/informma/item/15259-governo-federal-divulga-taxa-de-desmatamento-na-amaz%C3%B4nia.html
(**) : https://docs.wixstatic.com/ugd/b628dd_f16f8088c3f24471a43c52a93e25e743.pdf