Rétrospective des surprises politiques de 2017
Faire un bilan, évaluer sa réussite et déterminer la qualité de ses actions, c’est la routine de tout début de nouvelle année. On juge, on critique, on fait l’inventaire et on remarque au milieu d’un chaos de 365 jours que nos résolutions se sont avérées plus ou moins concluantes, et puis toutes les surprises que l’on n’avait pas pu prévoir. La politique, c’est un peu pareil. En un an les lois passent, les leaders s’essoufflent ou prennent de l’élan, les lignes évoluent. La politique française nous a offert de jolis rebondissements cette année, c’est pourquoi nous vous proposons de revenir sur ces événements inattendus qui ont fait l’actualité, la pluie et le beau temps. Ces moments critiques que nous n’aurions pas pu prédire ni même envisager un an auparavant. La flopée d’élections s’est trouvée être le premier moteur de ces surprises politiques, dans une année où toutes les lignes ont été secouées par des résultats imprévisibles.
2017, une année, et quelle année ! Celle de l’audace ? L’audace de n’être “ni de droite, ni de gauche”, d’aller sur TF1 face à des millions de spectateurs pour finalement se ridiculiser lors de son ultime débat, d’élire un président aussi jeune, de refuser de mettre une cravate ou de porter le maillot d’une équipe locale de football au sein de l’Assemblée nationale. L’audace enfin d’être dans l’opposition tout en s’alliant plus ou moins ouvertement à la majorité.
Voici donc nos choix de rétrospective sur ces événements qui ont bouleversé la vie politique de cette année 2017.
La gauche surprise sur sa gauche
Si l’année 2016 s’était conclue par le renoncement, inédit sous la Vème République, du président sortant François Hollande, 2017 commençait par l’élection de Benoît Hamon, toute aussi surprenante.

Personne n’aurait imaginé voir « le petit Benoît » gagner. Mieux, certains disent que lui-même n’y croyait pas. Qu’il s’était présenté sur un coup de tête, pour se faire connaître ou reconnaître. Les observateurs et observatrices de la vie politique française l’auraient juré : les primaires du PS verraient Manuel Valls se faire élire contre un Arnaud Montebourg bon perdant.
Outre le fait qu’il était à peine cité dans les sondages quelques mois auparavant, pour beaucoup, ses idées le mettaient dès le départ hors-jeu.
Revenu Universel d’Existence, légalisation du cannabis, partage du temps de travail et 49.3 citoyen : autant de propositions qualifiées d’utopiques et irréalisables. Mais Benoît Hamon a su surprendre, à commencer lors de son passage surprise dans L’Émission politique le 3 décembre. François Hollande, qui avait jeté l’éponge deux jours plus tôt, annule sa venue sur le plateau de France 2, à trois jours du tournage. Valls refusant de le remplacer, c’est à Hamon de saisir sa chance. Le grand public le découvre, les sympathisants accrochent. Il connait ses dossiers et convainc les électeurs socialistes. Pour son directeur de campagne d’alors, Mathieu Hanotin :
[Benoit Hamon] crève l’écran. L’Émission le fait changer de statut. De looser sympathique, il se mue en outsider sérieux.
Mathieu hanotin, ex-directeur de campagne de benoît Hamon
Le frondeur ne reconnait pas le bilan du président sortant et se distingue par ses idées de gauche, que d’aucuns désespéraient voir réapparaitre au Parti Socialiste, face à un Manuel Valls toujours plus rigide.
© Ulysse Guttmann pour L’Alter Ego/APJ
François Hollande absent de cette primaire, c’est naturellement vers l’ancien chef du gouvernement de 2014 à 2016 que se portent alors toutes les critiques. Il propose par exemple de supprimer l’article 49.3 de la Constitution, après y avoir eu recours à six reprises à la tête de l’exécutif. “Une connerie qu’il a fait tout seul » rapporte un proche du candidat à Libération.
Les semaines passent, la qualification de Benoît Hamon au second tour devient envisageable, plausible, possible, puis probable. Au soir du premier tour, la question revient à savoir quelle place allait-il occuper face à l’ancien Premier ministre. Mathieu Hanotin écrit dans la série d’article « Que la campagne est belle » publiée par Libération :
19 h 45, c’est réglé. Nous serons au second tour. Maintenant, LA question qui ne s’est jamais vraiment posée : premier ou deuxième ?
Mathieu hanotin, ex-directeur de campagne de benoît Hamon
Il gagnera très largement, surprenant même les plus optimistes (37 % contre 32 %). Comme quelques mois plus tôt à droite, l’outsider n’a pas seulement réussi à se hisser en finale : il a quasiment décroché son ticket-gagnant pour la présidentielle.
Benoît Hamon – ©bash pour L’Alter Ego/APJ
Porteur d’une idée de la gauche retrouvée, Benoît Hamon a su attirer à lui une jeunesse en attente de propositions nouvelles. Combiné à une personnalité qualifiée de sympathique et attachante, la formule s’avéra (à ce moment) magique, assez en tout cas pour gagner la primaire avec plus de 60 % des suffrages. Mais pas suffisamment pour séduire un électorat plus large le 23 avril. Le Parti Socialiste et sa ligne sociale-démocrate (voire sociale-libérale pour ses détracteurs) dépassé sur sa gauche par Benoît Hamon, membre de ce même PS ? Lui même fut doublé dans les urnes le 23 avril par Jean-Luc Mélenchon, candidat de la France Insoumise et ancien membre du… Parti Socialiste. Pourtant, au lendemain des primaires du PS, 60% des électeurs de gauche répondaient dans un sondage Odoxa pour France Info vouloir une candidature unique à gauche. 44% souhaitaient d’ailleurs que Jean-Luc Mélenchon se range derrière Hamon.
Si l’année 2017 a regorgé de surprises, les sondages en furent les premiers étonnés.
Une présidentielle pour le moins surprenante…
“Longue”, “imprévue”, “épuisante” ou encore “imprévisible” ; ce sont les mots qu’ont choisis chacun leur tour Élizabeth Martichoux, Thomas Legrand, Ruth Elkrief et Patrick Cohen lors d’une conférence organisée par Le Monde en septembre dernier, pour décrire l’élection présidentielle 2017. Et c’est notamment sur le premier tour que nous allons revenir ici.
Nous nous trouvons donc au premier tour d’une présidentielle dont l’issue se trouve encore très incertaine. Comme c’est rarement le cas lors d’une telle élection, aucun candidat n’est assurément pressenti à une qualification au second tour, et encore moins à la tête de l’État. Onze candidats en lice, dont cinq potentiellement qualifiables : François Fillon, Benoît Hamon, Marine Le Pen, Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon.
Cette année, la force et la légitimité des partis de gouvernement semblent s’être volatilisées. Pour preuve, pas même le candidat représentant la gauche de gouvernement, ni celui incarnant la droite républicaine, ne se trouvent au second tour. Une première dans l’histoire de la Ve République, voire au-delà. Pour une surprise, en voilà une.

Nous évoquions l’année de l’audace, celle peut-être de tourner le dos aux formations encadrant jusqu’alors les lignes idéologiques et le débat public. Sans revenir sur le « Penelopegate » qui a très certainement coûté la présidence à François Fillon en lui ôtant toute crédibilité face à son électorat qu’il appelait à la rigueur et à l’âpreté, l’architecture partisane, pensée comme immuable, s’est retrouvée balayée d’un revers de main. La vraie surprise, à la suite de cet épisode, c’est d’avoir pu constater que le candidat LR est tout de même parvenu à se hisser à la troisième place du premier tour, malgré le bagage encombrant de scandales trainant derrière lui. Comme quoi la résistance au changement freine souvent son aspiration même.
À cette surprise s’ajoute une autre, celle du score du candidat PS Benoît Hamon, recueillant précisément 6,35 % des suffrages. Comment expliquer un tel effondrement alors que sa popularité lui était gagnée quelques mois auparavant ? Pas de scandale apparent depuis la primaire, au contraire, Benoît Hamon avait réussi à s’installer sur un petit nuage. Or à l’heure d’élire un président, l’audace de choisir un frondeur au programme un peu trop décalé par rapport à celui du PS s’est très vite essoufflée. Un nombre non négligeable de sympathisants ont opté pour la logique du vote utile en choisissant Emmanuel Macron, sachant pertinemment que la candidature de leur concurrent n’était pas crédible, et suivant, pour rappel, la vague de migration de beaucoup d’élus du parti vers le mouvement de celui qui deviendra le futur président.
Au-delà de cette logique rationnelle quoique pertinente, il ne faut pas nier une véritable adhésion au programme d’Emmanuel Macron du côté de l’électorat PS, se sentant finalement plus en phase avec ses idées qu’avec celles proposées par Benoît Hamon.
Cette élection enjoignait néanmoins à l’électeur de se transformer en fin stratège. Pour qui voter, afin d’éviter l’élection de la candidate d’extrême-droite ? Si une chose n’a pas semblé apparaître comme une surprise, étonnamment, c’est la présence de Marine Le Pen au second tour. En 2017, il est normal de voir le FN en phase finale de l’élection présidentielle. Est-il inquiétant de constater que les discours identitaires font écho à l’oreille des Français ? Oui, ça l’est.
Jean-Luc Mélenchon – © Bash pour L’Alter Ego/APJ
Reste Mélenchon, passé cette fois-ci très près de la qualification en séduisant un électorat jeune avec son discours égalitaire et écologiste, et bénéficiant d’une certaine part lui aussi de voix initialement tournées vers la gauche socialiste. Son talent d’orateur incontestable n’est néanmoins pas parvenu à contrer les propos sécuritaires et anti-immigration de Le Pen, à l’heure où ces sujets constituent la priorité de l’agenda politique.
Quelle conclusion tirer de cette campagne présidentielle, et notamment de son premier tour, jonchée d’épisodes imprévisibles ? Une envie, si ce n’est un besoin certain de renouveau politique. Faire confiance à un candidat de 39 ans, inconnu au bataillon à peine deux ans plus tôt, portant un discours prétendant dépasser les clivages partisans ; c’est ce que l’on pourrait appeler de l’audace.
La mort politique en quelques mots
Le retour du Front National au second tour de l’élection présidentielle était attendu au vu des sondages et surtout aux élections intermédiaires pendant le mandat de François Hollande. La force puissante qu’est le FN connaît une occasion de gagner du terrain idéologique. Sa victoire était largement compromise par un front républicain, certes moins puissant qu’en 2002 mais toujours bien présent. La plupart des candidats appellent à voter pour Emmanuel Macron ou tout du moins ne pas voter pour Marine Le Pen. La surprise ne vient pas de l’issue de l’élection mais plutôt du débat de l’entre-deux-tours. En dehors de l’affaire Pénélope, ce qu’on retiendra de cette élection c’est cette débâcle en direct d’une candidate qui, sans cesse, a réclamé plus d’audience. Le paradoxe des partis extrémistes est celui de devoir rassembler pour gagner démocratiquement autour de principes marginaux. Il aurait donc fallu que le FN puisse faire entendre ses arguments pour diffuser sa conception de la société et surtout faire accepter un héritage connoté très négativement. Or, c’est au moment où les idées pouvaient être exposées qu’elles ont en fait explosé. On ne parle pas d’une effusion de propositions sensées et optimistes, mais d’une détérioration rapide et incontrôlée. Un premier couac sur des dossiers non-maîtrisés, qui pourtant auraient pu être discutés. Puis un deuxième, sur une sortie de l’euro mais pas de l’Union Européenne, mais en fait si, mais pas trop… Enfin bon, un échec effarant dans l’explication de la ligne du parti à propos de l’Europe. Cette hésitation qui met en branle Marine Le Pen n’a rien d’anodin. Ce n’est pas juste une accumulation d’erreurs rhétoriques et/ou techniques. Ce balbutiement sur l’euro n’est que le reflet d’un schisme important au FN. La ligne européenne est simplement trop conflictuelle au sein du parti qui ne tolère que peu de dissidence pour fonctionner. Enfin, plus superficiel mais d’autant plus dévastateur, le fameux « Ils sont partout, dans les campagnes, dans les villes, sur les réseaux sociaux », qui surprend tant par son absence de sens que par le ton adopté.
C’est tout simplement incompréhensible. Des candidats vindicatifs ou au contraire particulièrement mous, des prétentieux et des timides, des professionnels de la phrase bien écrite et ceux qui s’attachent au concret on a déjà vu, mais alors des décollages comme celui de Marine Le Pen, on ne voit ça qu’au Bourget*. S’ensuit alors une interrogation dans les foyers : qu’est-ce qui vient de se passer ? S’ensuit alors une seconde qui fut fatale à la fois au FN mais plus encore à la candidate : peut-on voter pour quelqu’un qui part dans de tels délires ? Probablement pas. Le pire est peut-être le fait que cette phrase avait comme but d’être parodique, elle accuse ironiquement une partie du front républicain de voir des ennemis partout. Pourtant, Marine Le Pen joue contre elle-même, s’auto-caricaturant et jetant un flou sur sa capacité à maîtriser ses propos.
Cette intervention a été une surprise politique de deux manières. D’une part, rien ne prédisait un tel dysfonctionnement dans le discours de la candidate. D’autre part, c’est un échec pour l’ensemble des partis marginaux qui ne cessent de demander plus de temps de parole pour pouvoir être pris au sérieux. Le débat montre ici que le FN n’a pas construit grand-chose en amont et emporte malgré lui tout un ensemble de partis qui pourtant mériterait d’avoir un temps de parole plus important.
Dernier épisode de la saison 10 de l’élection présidentielle française
Attention spoiler, Emmanuel Macron a gagné l’élection, désolé pour ceux qui n’auraient pas suivi la saison, mais ça fait quand même un moment qu’elle est sortie.
Emmanuel Macron – © bash pour l’alter ego/apj
Probablement bien plus dynamique que l’élection de François Hollande et celle de Nicolas Sarkozy, la saison 2017 a été particulièrement bien écrite par les scénaristes avec des rebondissements, des moments de suspense, voire des meurtres politiques. Emmanuel Macron a en effet réussi à se creuser un trou politique entre la social-démocratie d’un PS qui boite et le l’ultra-libéralisme d’une droite en proie au scandale. Cet espace politique vendu comme un renouveau exceptionnel n’est en fait qu’une redistribution des idéologies. En tout cas, personne ne pouvait s’attendre à l’élection de Macron il y a de ça deux ans. En janvier dernier, la tension était à son comble avec des résultats aux primaires qui ont défié tous les pronostics.
Pourquoi l’élection d’Emmanuel Macron est-elle une surprise politique de 2017 ?
Tout d’abord, parce que le gouvernement Valls a été tellement détesté qu’il semblait compliqué pour un ex-ministre de l’Économie de devenir un leader soutenu. La droite et les frondeurs ont joué en faveur d’un abandon total de soutien pour François Hollande et son gouvernement. Il faut se rappeler qu’en fin de mandat, François Hollande avait la cote de popularité la plus basse de tous les présidents de la Ve République. Difficile pour l’un des ministres fondateurs de la ligne libérale prise par Manuel Valls de se faire élire avec un bilan perçu si négativement par la population. Et pourtant, il l’a fait.
Emmanuel Macron a gagné aussi parce que François Fillon a échoué. Le candidat de la droite est passé d’une autoroute à une impasse en quelques mois, les déçus de la droite s’échouant d’une part sur le FN, d’autre part sur En Marche !.
© Bash pour L’Alter Ego/APJ
Un troisième argument qui pourrait expliquer la victoire du candidat est sa nouveauté – au moins de façade. Le tout nouveau personnage introduit pour cette nouvelle saison a connu une fulgurance folle. Le public peut être las d’un casting restreint mais tenace a trouvé une nouvelle tête à explorer, d’autant plus que le petit nouveau a l’avantage d’être jeune, fringant et sortant du privé (ex-employé de la banque d’affaires De Rothschild).
La seule différence avec une vraie série, c’est que l’élection présidentielle ne connaît pas de grand soutien populaire. Alors que certains se battent pour la sauce « Sechuan » popularisée par la série animée Rick and Morty, ou se regroupent dans des conventions pour rencontrer les acteurs, la plupart d’entre nous boudent les élections. En fait, cette saison fut l’une des plus rocambolesques mais avec une audience continuant de faiblir. Le public est de moins en moins présent à chaque saison, délaissant de dégoût, de peine ou d’indifférence la série qui détermine et dirige la France. Pour les prochaines surprises, plus qu’à attendre cinq ans…
L’état de l’Assemblée
Dans la composition, il y a assez peu de surprise. Certes, le PS se fait rare, le FN n’a pas pu constituer un groupe parlementaire et garde donc un rôle marginal dans la politique nationale, et la France Insoumise a émergé. En soit, rien d’étonnant. Cependant, l’Assemblée a été le lieu de toutes les communications. Notamment celles menées par la France Insoumise, le refus du port de la cravate, puis la critique du drapeau européen, les courses pour cinq euros de Jean-Luc Mélenchon et enfin le maillot de football de François Ruffin. Ces éclats, critiquables, ont le grand avantage de faire de l’Assemblée nationale un lieu de débat populaire. N’en déplaise aux grands républicains qui estiment que l’Assemblée est le lieu de la discussion entre privilégiés, ce type de communication fait revivre une passion pour ce qui se passe dans l’hémicycle. C’est une promesse du dégagisme que d’engager la « société civile », et au-delà faire du débat entre représentants un théâtre pour les électeurs. L’engagement du corps dont font preuve les députés Insoumis crée, de fait, un lien avec la société en se détachant des « vrais débats », selon le gouvernement. Un deuxième élément qui semble être une surprise politique pour l’année qui vient de s’écouler, c’est la position des Constructifs. Il est surprenant d’avoir un mouvement de fronde dans l’opposition pour soutenir le gouvernement. On peut trouver cela louable que les députés dérogent à leurs partis pour répondre à leurs convictions. Au contraire, cela peut être vécu comme une trahison du principe d’opposition. Que l’on puisse imaginer une fronde dans la majorité, c’est raisonnable, mais un ralliement au gouvernement de l’opposition, c’est curieux. En faisant cela, les députés Les Républicains qui se rallient au gouvernement de La République en Marche emmènent avec eux toute la crédibilité du parti. Les Républicains n’ont donc plus de raison d’exister si ce n’est pour défendre une position conservatrice. Autrement dit, tout la droite ne peux pas débattre libéralisme au risque de se confondre avec le gouvernement, la piégeant dans ses retranchement idéologiques. En fait, le groupe En Marche ! à l’Assemblée, c’est comme les gaz à effet de serre : ils empêchent les autres partis de sortir de leur cadre le plus basique et font fondre les clivages comme neige au soleil.
La remontada
Depuis ma naissance, il y a deux choses qui ne cessent de chuter : la croissance et la popularité du président. Et pourtant, la croissance française se stabilise, à un niveau assez bas il faut bien l’avouer, et la popularité de Macron relève la tête après un été sous l’eau. Sa cote de popularité a ainsi gagné six points en un mois, selon un sondage BVA pour Orange et La Tribune, publié mercredi 20 décembre. Cette remontée de la popularité du Président est une surprise politique de 2017. En dehors des cohabitations et des événements exceptionnels, cette hausse de la popularité est inédite. Pourtant, la classe politique et probablement une part du peuple avaient accepté l’idée qu’un homme politique soit périssable. Plus le temps passe, moins il est apprécié. Le paradoxe de l’élu c’est de devoir mener une politique tout en conservant une légitimité. Or, l’action est certainement plus dangereuse que l’attentisme en matière de réputation. D’une part, les citoyens demandent que des politiques ambitieuses soient menées. D’autre part, ils souhaitent que les changements leur conviennent. Ils attendent d’un homme politique qu’il mène des politiques indépendamment de toute influence. Cependant, il est obligé de tenir compte de sa popularité pour rester légitime.
De quoi est issu le soudain regain de popularité du président ? D’une politique rondement menée ou plutôt de sa capacité à plaire à la foule ?
Il est compliqué de comprendre les déterminants qui poussent à cette hausse de popularité car les deux arguments se tiennent. Le travail de réforme sur des sujets clivants et fondateurs pourrait être une explication. Ce peut aussi être grâce au discours macroniste largement répété à travers les médias et sa posture faussement humaniste qui explique l’adhésion à ce président moderne mais ferme.
Reste que la posture n’a jamais fait la réalité, malgré ce que le monde de faux-semblants d’aujourd’hui tente d’indiquer. La vérité ne dépend pas du discours mais des actes. Ainsi, les discours sur la tragédie des réfugiés ne fonctionnent que parce que la politique de la France est répressive. Les discours adoucissent les opposants, les actions confirment les partisans.
Voilà. On pourrait aussi vous parler du taux d’abstention aux élections législatives ou encore de la réforme du Code du travail. Des surprises, il y en a eu en 2017, une année débordante de politique, peut-être même noyée par celle-ci. Avec un président avare en interview, le pouvoir se détache d’une presse toujours dangereuse pour les décideurs. 2017, c’est aussi l’année des Paradise Papers et du César accordé à Merci Patron ! Que 2018 nous en fasse voir autant si ce n’est davantage !
*Salon du Bourget : Salon international de l’aéronautique et de l’espace
image de couverture : © hugo coignard