Ainsi va la politique : semaine du 19 au 26 juillet
Mercredi c’est le Conseil des ministres, et c’est aussi le moment pour L’Alter Ego de faire un point politique sur les semaines passées.
Macron, la popularité en vacances
Serait-ce la fin de la bulle politico-médiatique tant annoncée durant la campagne présidentielle ? C’est en tout cas ce que laisse penser le récent sondage paru dans le Journal du Dimanche, qui affirme que seuls 54% des Français sont satisfaits de l’action du Président de la République, soit 10 points de moins en pourcentage que le mois dernier. Il s’agit d’une baisse record seulement 2 mois après son élection. Même son de cloche pour le Premier Ministre, dont la popularité est en baisse de 8 points en pourcentage et pointe à 56%. C’est donc un couple dont la popularité diminue de jour en jour pour l’exécutif. Ceux qui pensaient que les vacances d’été allaient laisser du répit au gouvernement et au chef de l’État avaient tort. Les récentes sorties médiatiques ont laissé des traces, notamment celles sur le prix du paquet de cigarette (le prix du paquet s’élèvera à 10€ d’ici la fin du quinquennat), les changements de décisions budgétaires ou encore le conflit entre le Président et son Chef d’État-Major.
Courbes comparatives de popularité des Présidents Macron, Hollande et Sarkozy au cours des 3 premiers mois de leur mandat
Source : Ifop / JDD
Macron et l’armée, je t’aime moi non plus
Toujours dans cet épisode entre Macron et l’armée, il est nécessaire de revenir sur le fondement de cette crise, à savoir la suppression de 800 millions d’euros pour le budget de la défense. Revirement de situation après la nomination du nouveau Chef d’État-Major des Armées, le général Francois Lecointre. En effet, alors qu’il se rendait sur la base aérienne d’Istres, le Président et la Ministre des Armées, Florence Parly, ont annoncé le dégel de crédits pour la défense à hauteur d’1,2 milliards d’euros pour l’année 2017. Emmanuel Macron s’est montré proche des forces armées, prolongeant la visite qui ne devait durer qu’une demie journée, en annulant sa présence aux États généraux de l’alimentation. Il en a profité pour se restaurer avec les militaires de la base et pour enfiler un nouveau costume, cette fois-ci celui de pilote de chasse ! Une véritable marionnette, que le nouveau Président de la République manie avec habileté. Encore une fois, pièce centrale d’une communication inédite sous la Ve République, Macron a pu ajouter des photos peu communes à son album présidentiel.

La crise semble donc apaisée mais le Président a été durement rappelé à l’ordre et a fait l’expérience amère d’un premier conflit au sommet de l’État.
5 mois, c’est la durée des États généraux de l’alimentation
Une révolution agricole en suspend, les États généraux de l’alimentation
#EGalim Participez à la consultation publique des États généraux de l’#alimentation ➡️ https://t.co/krZl7gUvb0 pic.twitter.com/rud4qfzow9
— Alim’Agri (@Min_Agriculture) 24 juillet 2017
Voulus par Emmanuel Macron, ils ont été lancés le 20 juillet à Bercy et doivent se prolonger jusqu’au mois de novembre. Ces États généraux doivent permettre à tous les acteurs de la filière agro-alimentaire de se réunir pour avancer et sortir de l’impasse dans laquelle nous mène le modèle actuel. Le symbole de la situation ne tient qu’en deux chiffres : 1 agriculteur sur 3 gagne moins de 354 €/mois et un agriculteur se suicide tous les deux jours. C’est un monde agricole local à l’agonie qui fait donc face aux grands groupes qui ne cessent de s’enrichir et de gagner des parts de marché. Cette rencontre part d’une bonne volonté dans la perspective de résoudre la crise agricole qui touche la France depuis de nombreuses années, néanmoins il subsiste une ambiguïté sur les thématiques qui seront abordées. En effet, le terme d’État généraux de l’alimentation ne cache-il par en réalité une rencontre sur l’agriculture ? C’est ce que semblait avancer certains participants à l’issue de la première journée. Malgré tout, les objectifs sont posés et l’enjeu est capital : sortir l’agriculture d’une crise qui dure depuis trop longtemps, perdue entre les règles européennes et françaises. Le secteur est tellement important pour la France que les résultats se doivent d’être concluants, ils seront scrutés avec attention.
Il est important d’ajouter que des consultations en ligne auront lieu tout au long de ces État généraux pour que les Français puissent s’exprimer.
L’Alter Ego suivra tout au long de ces cinq mois l’avancée des propositions et des négociations, sur un sujet qui demeure – malgré tout – très politique.
L’agonie des partis traditionnels : un séminaire secret de refonte pour le FN
La lente mort du Parti Socialiste, les soucis des Républicains, nous avons abordés ces points les semaines précédentes. Il est aujourd’hui question du Front National, grand perdant des présidentielles auxquelles Marine Le Pen voulait créer la surprise. Sa présidente est depuis élue députée mais n’est que peu présente à l’Assemblée et ne participe pas aux débats. On perçoit une Marine Le Pen effacée depuis le second tour et un parti dans la tourmente.

Ce week-end (22-23 juillet), les cadres du FN se sont donc réunis pour faire le point et fixer les orientations du parti pour les prochaines échéances. Cette réunion, plus ou moins secrète dans un premier temps, a ensuite fait le tour des médias, mais tout en retenue.
À la sortie, le parti a complètement revu ses priorités : le fiasco sur l’euro lors du débat de l’entre-deux-tours de la présidentielle a été mis en queue de peloton alors que la refonte de l’espace Schengen est placée comme priorité absolue afin que la France puisse retrouver une entière souveraineté sur ses frontières.
Autre point abordé, la question des dirigeants du parti : Quid des Marine Le Pen et Florian Philippot ? Après les échecs de 2012 et 2017, certains veulent leur tête, mais rien ne sera pourtant décidé avant le prochain congrès en 2018.
Sida : et la France dans tout ça ?
Événement mondial majeur dans la recherche contre le sida, un congrès regroupant des milliers de chercheurs (plus de 6 000) se tenait cette semaine à Paris. Le Président de la Répulique était espéré pour l’ouverture, mais il n’a finalement pas fait le déplacement. Symbole de la prise en compte par la France de ce problème de santé mondial ou simple couac d’agenda ? Le Président s’est tout de même rattrapé en recevant quelques représentants à l’Elysée, plus pour lisser sa communication que pour véritablement chambouler les choses, dans un dossier où les financements des États sont primordiaux.

Info / intox : les maires ne peuvent déjà plus encadrer le Président ?
C’était la grande info de ce week-end, dégainée en trombe par de nombreux médias sur le web et dans les journaux : le nouveau portrait officiel d’Emmanuel Macron est plus grand que ceux habituellement édités, obligeant les maires de France à racheter un cadre pour un cout total de 2,77 millions d’euro. Cette rumeur est fausse pour de nombreuses raisons reprises ensuite par les médias une fois leur erreur comprise… Tout d’abord, il n’est pas obligatoire pour les maires de posséder le portrait, aucun texte ne le stipule, c’est plutôt une coutume, une habitude. Ensuite, le cadre que propose d’acheter le maire à l’origine de la rumeur est à un prix de plus de 70€, alors que les 36 000 maires de France sont libre d’acheter le cadre qu’ils souhaitent ou encore de ne pas en mettre. Finalement c’est donc une intox qui a agité (un peu pour rien) la France ce week-end.
Pensez à vérifier vos informations.

Père Hamel Saint Etienne du Rouvray
Malheureusement, cela fait deux semaines de suite que nous commémorons un attentat terroriste. Aujourd’hui L’Alter Ego rend hommage au Père Hamel, assassiné par deux terroristes islamistes le 26 juillet 2016.
image de couverture : © Antoine Gyori/Corbis via Getty Images