Ainsi va la politique : semaine du 12 au 19 juillet
Mercredi c’est le Conseil des ministres, et c’est aussi le moment pour L’Alter Ego de faire un point politique sur les semaines passées.
Les Républicains : une crédibilité qui s’effrite…
Alors que le premier gouvernement d’Édouard Philippe fut constitué il y a maintenant deux mois, la sanction du bureau Les Républicains envers ses membres devenus ministres tarde à se faire connaître. Au lendemain des nominations, le bureau politique du parti était sorti, toutes voiles dehors, pour demander l’exclusion définitive des néo-ministres. Deux mois après, la sentence se fait toujours attendre, et les évènements cocasses se multiplient. Le sort des ministres du parti de droite au gouvernement Macron doit donc être décidé en septembre, un énième report qui pèse sur la crédibilité du parti. Des élections auront par ailleurs lieu en septembre pour désigner son nouveau président.
JO 2024, du pain et des jeux…
Ça y est, c’est enfin fait, après des mois de suspens insoutenable, les éditions 2024 et 2028 des Jeux Olympiques ont été attribuées à Los Angeles et Paris dans un système de double attribution. En bref, aucune progression dans le dossier si ce n’est l’officialisation de cette double assignation, qui avait déjà servi Paris à l’occasion des JO de 1924. Les deux villes doivent désormais s’accorder sur l’année. 2024 ou 2028, telle est donc la question.
Anne Hidalgo et Emmanuel Macron avaient fait le déplacement jusqu’a Lausanne pour défendre la candidature de Paris. Le couple olympique phare de ces dernières semaines s’est régulièrement affiché ces derniers temps, et c’est tant mieux pour l’image de la candidature parisienne. Mais malgré l’engouement particulier que suscite l’organisation d’un tel événement, de nombreuses voix se lèvent contre. De plusieurs journaux aux réseaux sociaux, des lettres ouvertes s’adressant au Président de la République ou à la Maire de Paris émergent, remettant en question cette candidature. Les détracteurs à l’organisation des jeux prennent d’une part pour exemple le devenir des infrastructures construites pour l’occasion, et d’autre part les coûts pharaoniques engendrés par un tel événement. Jamais, dans l’histoire moderne des jeux, le budget de départ n’a été respecté, et très souvent une grande partie du parc sportif construit pour l’occasion est ensuite laissé à l’abandon. L’avantage mis en avant par les organisateurs que cela permettrait la création de nombreux emplois est un leurre pour les adversaires du projet, car ce serait pour la plupart des Contrats à Durée Déterminée (CDD), donnant lieu, en fait, à des conditions de travail désastreuses et une situation précaire à la fin du contrat.
Bien que, sans mauvais jeu de mots, les jeux semblent joués avec cette annonce du Comité International Olympique (CIO), la grande fête du sport prévue en 2024 semble déjà partir avec des bâtons dans les roues.
Gouvernement, entre approximations budgétaires et amateurisme
Ce titre pour le moins peu flatteur pour le gouvernement Philippe ne sort pas tout droit d’une envie personnelle de démonter gratuitement la politique de notre cher Premier Ministre. Ces deux termes chocs « d’amateurisme » et « d’approximation » sont tout droit tirés de l’interview d’Éric Ciotti, député LR et président du Conseil départemental des Alpes Maritimes, sur France Info, le 12 juillet dernier. Loin d’être anodins, ils témoignent néanmoins du flou général, et organisé, qui règne autour du budget pour l’année à venir et des grandes réformes prévues. En effet, selon un rapport de la Cour des comptes, l’État doit parvenir à économiser en urgence plusieurs milliards d’euros, sous peine de se voir infliger des sanctions de la part des instances européennes.
Si l’on regarde de plus près les récentes annonces des têtes de l’exécutif, l’incompréhension est totale : 11 milliards de baisse d’impôts, baisse des cotisations sociales, ou encore réforme de la taxe d’habitation en vue d’une suppression de l’impôt sur la fortune (soit -3 milliards de recette pour l’État). Ces nombreux « cadeaux » ont un prix et posent d’autant plus question que les économies à réaliser sont particulièrement conséquentes, puisqu’Édouard Philippe a promis 20 milliards d’économie en 2018. Mais comment faire ?
Si les moyens pour y parvenir sont encore flous, les objectifs paraissent clairs : un déficit public inférieur à 3% du PIB (tel que le préconise la Banque Centrale Européenne) et une croissance prévue à 1,7% (même si selon le Premier ministre il n’est pas question de fantasmer sur des chiffres).
Sénateurs, représentants du peuple à l’affrontement avec les Français
C’était un projet de loi attendu tant il a fait couler de l’encre ces derniers temps, amenant même plusieurs ministres et candidats à la présidentielle à sombrer dans l’oubli, à l’instar de François Fillon : celui de l’interdiction des emplois familiaux pour les parlementaires. À peine arrivée au Sénat, elle a aussitôt été rejetée, nombre de parlementaires jugeant la mesure trop radicale, visant uniquement à faire suite à l’affaire Fillon, affaire ayant ébranlé la campagne présidentielle. Cette grande mesure, partie intégrante de la loi sur la moralisation de la vie politique, tombe donc pour le moment à l’eau.
Trump sur les Champs, une invitation pour enterrer la hache de guerre ?

Les relations diplomatiques entre la France et les Etats-Unis ont toujours été un élément important de la stabilité dans le monde. Ces dernières semaines, depuis l’élection du nouveau Président français, elles ont été mises à mal, notamment, hélas par la désormais mythique poignée de main entre les deux chefs d’État, laquelle voit Trump se faire broyer la sienne par Macron. Accusé d’enfantillages suite à cet épisode, Donald Trump s’est quelques jours après montré hostile aux engagement pris lors des accords de Paris. Face à cette situation tendue, Macron a finalement décidé de tendre la main à son homologue américain en l’invitant à célébrer la fête nationale à ses côtés, le 14 juillet, à Paris. L’occasion n’était en plus de ça pas choisie au hasard, puisque la France célèbre cette année le centenaire de l’engagement des forces alliées américaines dans le premier conflit mondial en 1917. Trump a accepté (ouf !) et c’est une journée sans accroc qui s’est déroulée, ponctuée par le traditionnel défilé militaire sur les Champs-Élysées.
Guerre de chefs à l’Elysée
C’est l’information de la semaine. C’est un véritable clash qui a eu lieu entre le président de la République et le chef d’État Major des Armées, Philippe de Villiers. Au sommet de l’État, celui qui s’occupe des 4 armées (Terre, Air, Marine et Gendarmerie) pour le Président, a exprimé son désaccord relatif à la coupe de 850 millions d’euros prévue dans le budget de la défense. Cette prise de position a très mal été perçue par le chef de l’État, qui a souhaité rappeler aux Français, par la démission du chef d’État Major qui s’en est suivie, que c’est lui et bien lui le seul chef des armées, le plaçant encore un peu plus dans une posture présidentialiste. Le sort du plus haut gradé de l’armée française ne s’inscrit donc plus dans les dorures de l’Elysée, et son dévouement pour le sort de ses troupes lui a finalement couté sa place.
L’armée avait pourtant été placée au coeur de la présidence d’Emmanuel Macron dès sa prise de fonction. Le jour même, il était au chevet des militaires blessés à l’hôpital Percy, tandis qu’il consacrait sa première visite hors des frontières de Schengen aux militaires français engagés au Mali.
Vel d’Hiv, l’acharnement présidentiel
Je le redis ici : c’est bien la France qui organisa la rafle, puis la déportation, et donc, pour presque tous, la mort, des 13 152 personnes de confession juive.
emmanuel macron, président de la république
Tels sont les mots prononcés par Emmanuel Macron le 16 juillet dernier, date marquant le 75ème anniversaire de la rafle du Vel d’Hiv.
Des débuts de la Vème République à aujourd’hui, les grands Hommes politiques, et particulièrement les présidents, ne se lassent jamais de laisser leur emprunte dans l’Histoire, bien que quelque fois de façon maladroite. Maladroite mais nécessaire, c’est peut être comme cela que l’on peut qualifier cette annonce. Pour la première fois, un dirigeant israélien était invité pour un anniversaire de ce massacre organisé. Benyamin Netanyahou, Premier ministre d’Israël, s’est félicité de ce pas en avant. Bien que Macron s’inscrive là dans une lignée de reconnaissance de cette barbarie française, plus le temps passe et plus ces sorties médiatiques de quelques présidents font plus penser à de grandes annonces sans fond qu’à de véritables avancées historiques.
14 juillet : 1 an après
L’Alter Ego rend ici hommage aux 86 victimes de l’attentat de Nice qui sont tombées sous la folie meurtrière de l’islamisme radical. Pour ce funèbre anniversaire, les personnalités politiques étaient réunies en nombre à Nice : les deux Présidents sortant, Emmanuel Macron ou encore le Prince de Monaco, pour ne citer qu’eux. Les hommages vibrants et déchirants se sont succédés dans le but de ne pas oublier, et pour refermer tant bien que mal la cicatrice creusée avec horreur dans la promenade des Anglais, le 14 juillet de l’année dernière. Au regard du contexte actuel, les reprises politiques auraient pu être de mise. Mais ce ne fut pas le cas, assurant à ce moment intense une dignité particulière.
image de couverture : © Antoine Gyori/Corbis via Getty Images