« Don’t boo. Vote ! »
Dimanche 23 avril, une date qui est restée importante cette année 2017 pour des milliers de jeunes qui mettent ainsi les deux pieds dans la vie de citoyen actif.

France, terre fertile d’électeurs
Depuis l’élection de François Hollande en mai 2012, la France n’a cessé de produire de nouveaux électeurs qui, sitôt leurs 18 bougies soufflées, recevaient leur carte électorale. Si quelques scrutins ont eu lieu depuis (notamment les européennes et les municipales de 2014), c’est le rendez-vous majeur des élections présidentielles qui rassemble incontestablement le plus d’électeurs.
En 2012, ce sont 80% des électeurs qui s’étaient déplacés, soit presque deux fois plus qu’aux élections européennes. Mais si on regarde les chiffres de plus près en s’intéressant aux jeunes en particulier, on remarque une dynamique allant dans le sens d’une abstention quasi-systématique quelque soit le scrutin. Ainsi selon une étude IPSOS le taux d’abstention chez les jeunes au 1er tour de l’élection présidentielle a été de 29%, soit la donnée la plus élevée de toutes les tranches d’âge. Cette étude rend également compte d’un intérêt certain pour le Front National qui serait le parti le « plus rassembleur ».
Nous les jeunes
L’abstention chez nous, les jeunes, pose ainsi un problème de taille, puisqu’en effet nous votons pour notre avenir, pour construire le monde dans lequel nous voulons vivre demain, pour lutter contre les injustices et la destruction de l’environnement. Pour un monde que nous considérons comme enviable, souvent considéré comme utopique par certains plus âgés. Aujourd’hui, le paysage politique qui est proposé à l’électeur, qu’il soit jeune ou moins jeune, ne compte que deux femmes ; neuf hommes. Ceux qui peuvent prétendre à une place à l’Elysée sont dans l’ensemble déjà membres de cette caste politicienne qui est tant décriée aujourd’hui tant elle a eu la possibilité de changer les choses à maintes reprises.
Aujourd’hui, le constat est saisissant : les jeunes sont face à un éventail de candidats qui sont dans le monde politique depuis plus de dix, voire vingt ans, qui ont déjà exercé des charges et qui n’ont jamais rien changé en profondeur à la vie politique française. Ainsi, la Ve République est le régime politique de nos grands parents et parents et les hommes politiques sont ceux que nos parents ont connu pour la plupart. Il y a peu, une jeune adolescente que j’ai interviewé remarquait en regardant les spots de campagne des candidats que les candidats étaient tous “vieux”, exceptés Macron. Si cette anecdote ne veut rien dire en elle même, elle démontre que dans ce contexte d’élection présidentielle, il semble difficile pour les jeunes de se sentir représenté par les prétendants au pouvoir.
Pourquoi tant d’abstention ?
L’abstention chez les jeunes repose sur deux facteurs essentiels qui semblent jouer à part égale : le désintérêt et la frustration. C’est de la frustration que naît le désintérêt. En effet, le régime politique de la Ve République est une démocratie ; construite de telle sorte que le citoyen vote à des intervalles de temps assez longs (5 ans pour l’élection présidentielle et les législatives et 6 ans pour les départementales, par exemple). Cependant, une fois le choix citoyen effectué et les élus propulsés au pouvoir, l’électeur ne dispose pas de moyen électoraux pour peser sur les décisions qui sont censées être prises en son nom. La démocratie souffre aujourd’hui d’un mal qui pose problème aux nouvelles générations dont nous faisons partie. Ce mal a été soulevé pour partie dans la campagne présidentielle, mais le récent résultat illustre le long chemin qu’il reste à parcourir et qui permettra peut-être à l’abstention chez les jeunes de reculer. En effet le Président Macron n’as pas été le plus plébiscité par les jeunes (JL. Mélenchon étant le premier candidat chez les jeunes au premier tour) bien que ces derniers se soient massivement tournés vers le candidat En Marche ! au second tour. La majorité des jeunes se situant traditionnellement à gauche, la virée à tribord du capitaine Macron en inquiète plusieurs, notamment concernant les mesures écologiques et celles sur la réforme du code du travail à venir. Cette relative mise à l’écart de la jeunesse dans les grandes réformes de société ne doit pas pour autant nous démoraliser, l’histoire est faite de fractures qui se construisent sur la conflictualité. Si les hommes politiques au pouvoir depuis plusieurs quinquennats laissent les jeunes de côté, il n’est pas question que les enjeux des problèmes des jeunes ne soient pas entendus.
La relève est là !
Seul motif de satisfaction, la naissance et la médiatisation de nouveaux mouvements politiques jeunes destinés à porter la parole jeune sur la scène politique et ainsi peser dans le débat. Nés entre autre de la frustration de jeunes qui souhaitent se faire entendre, ces nouvelles entités politiques se veulent capables de peser dans le débat politique. Quelques récents exemples : Nouveau Souffle d’une part, qui a tenté de peser durant la campagne présidentielle et législative en présentant des candidats (affiliés également avec Nouvelle Donne) et Allons Enfants d’autre part qui a proposé des candidats dans plusieurs circonscriptions françaises. Malgré tout, ces initiatives jeunes demeurent largement marginalisées et sont trop peu médiatisées pour se faire entendre sur une scène politique aujourd’hui saturée de renouveau dont la qualité laisse parfois à désirer.

image de couverture : © MICHAEL DEBETS/PACIFIC PRESS LIGHTROCKET / GETTY IMAGES