L’influence de la nourriture sur le sous-continent indien
Trois étudiants lyonnais partent deux mois en Inde, au Népal et au Bangladesh afin de s’intéresser au rôle de la nourriture dans ces pays. Ils en tireront un web-documentaire afin de témoigner de leur expérience. Rencontre avec l’initiateur du projet, Luke Été.
Partir…
Partir à l’autre bout du monde en road trip, toute personne y a un jour pensé. Mais pour des contraintes de temps, de logistique ou de coûts, peu le font vraiment. Ce sera pourtant le cas de trois jeunes Lyonnais, Luke Été, Solène Gager et Julien Narbot qui se sont envolés le 1er juin pour l’Inde, le Népal et le Bangladesh. Dans le cadre de leur première année à l’école 3A de Lyon, ces trois étudiants doivent réaliser un stage de fin d’année. Mais pour celui-ci, ils sont libres et ne sont pas obligés de travailler ; tout projet est accepté du moment qu’il est justifié. L’idée originelle est venue de Luke, un Anglais qui vit en France depuis une dizaine d’années.
Personnellement, je voulais aller en Inde et au Népal puisque ma tante, qui a vécu là-bas, m’en avait beaucoup parlé. Je voulais voir comme c’était réellement. Je l’ai proposé sur la page Facebook de la promo pour voir qui était intéressé. Je n’avais pas envie de le réaliser avec des amis mais plutôt avec des gens motivés. Julien et Solène se sont manifestés rapidement
La nourriture sous toutes ses formes
Plus qu’un banal voyage sur le sous-continent indien, les trois camarades aborderont un point bien précis de la culture indienne : la gastronomie.
Ayant vécu en Angleterre, j’ai eu un aperçu de la gastronomie indienne de par ses liens avec le Commonwealth. Mais elle y est industrielle, je voulais voir comment c’était vraiment
détaille Luke. La nourriture n’est que le point de départ d’un projet qui aborde également les liens entre la gastronomie, la géographie, l’histoire, la religion, l’économie ou la société. Leur projet, qu’ils nomment « Au cœur de l’Asie’tte » les amènera aussi à traiter de la production, sur proposition de Solène.
Julien, Solène et Luke arriveront à Katmandou le 1er juin et s’appuieront sur des contacts sur place pris grâce à la famille lointaine de Julien. Des photographes et journalistes sur place serviront également de fixeur ; ils leurs indiqueront les lieux à éviter, les informeront sur certaines us et coutumes locales et leurs donneront des contacts. Puis le trio étudiant se dirigera vers New Delhi puis Mumbai avant d’arriver au Bangladesh, par la côte puis enfin dans la capitale Dacca le 1er août d’où ils repartiront. Mais ils ne se sont pas donnés de date fixe et restent libres. Ils logeront chez l’habitant, souvent par des contacts déjà liés. Le fait que Luke et Julien soient bilingues aide en ce sens. Sur place,
on se déplacera de différentes manières : taxi, train, à pied afin d’avoir une vue d’ensemble. Car en Inde, le réseau de transport fait partie des choses à voir. Ça n’a rien à voir par rapport à l’Europe vis-à-vis de la sécurité par exemple.
Un web-documentaire comme témoignage
Très vite, l’idée est venue de réaliser un web-documentaire afin de partager leur expérience avec leurs 70 donateurs. Luke s’occupera du montage, ayant suivi une formation de cinéma-audiovisuel au Baccalauréat. Mais il ne sera pas le seul à tourner puisqu’il a dispensé une formation pratique express à Julien et Solène. Tous trois se déplaceront en permanence avec l’appareil photo reflex de Luke ainsi qu’une steadycam et un micro. Pour l’instant rien n’est arrêté mais Luke pense que leur web-documentaire se découpera en trois épisodes, un par pays. Mais l’angle d’attaque n’est pas encore défini :
nous ne sommes jamais allés dans ces pays, peut-être que nous aurons une vision différente une fois arrivés sur place
Ce court-métrage leur permettra ainsi de rencontrer un sociologue à Katmandou, un anthropologue à New Delhi mais aussi Tenzin Palmo, reconnue dans la communauté bouddhiste suite à sa retraite de 20 ans dans une grotte. Luke explique :
nous sommes en contact avec une organisation à Mumbai qui réalise une recherche sur de nouvelles façons de faire de l’agriculture. C’est primordial en Inde où l’industrie agro-alimentaire se développe énormément
Une aventure à suivre sur les réseaux sociaux
Le trio est bien conscient qu’il possède un avantage vis-à-vis des générations qui les ont précédé. Si les voyages ne datent pas d’aujourd’hui – Luke a d’ailleurs été influencé par Flash ou le grand voyage de Charles Duchaussois (1971) – , eux pourront en revanche partager sur les réseaux sociaux statuts, photographies ou extraits du documentaire. Aussi, l’expatrié anglais juge faire partie d’une génération
super ouverte sur le monde. Même si je n’y suis pas encore allé, j’ai déjà une petite idée de par les expositions qu’on en a : sites internet, forums, blogs…
« Au cœur de l’Asie’tte » pourrait n’être qu’un point de départ pour Luke, lui qui envisage plus tard une carrière dans le photo-journalisme. Mais à l’heure des derniers préparatifs, il reste focalisé sur le sous-continent indien. Tout en gardant à l’esprit la formule d’André Brugiroux :
Tant qu’on n’est pas allé jusque dans la cuisine d’un habitant, on ne connaît pas le pays.
image de couverture : © Ramesh Pathania/Mint / Getty Images