L’environnement ? Un maigre souvenir
C’est un petit marteau mais je pense qu’il peut faire de grandes choses !
Laurent Fabius (Président de la COP21) le 12 décembre 2015, déclarant l’adoption par 195 pays de l’accord de Paris sur le climat, accompagné d’un petit marteau avec une tête en forme de feuille verte décoré du logo de la COP21.
195
Ce jour-là, 195 pays s’accordaient sur leur volonté de contenir, sur le long terme, « l’élévation de la température moyenne de la planète nettement en dessous de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels, et en poursuivant l’action menée pour limiter l’élévation des températures à 1,5 °C par rapport aux niveaux préindustriels, étant entendu que cela réduirait sensiblement les risques et les effets des changements climatiques ».
La condition selon laquelle 55 pays responsables ensemble d’au moins 55% des émissions de gaz à effet de serre ratifient l’accord pour permettre son application ayant été acquise le 5 octobre 2016 après ratification de l’Union européenne, l’accord de Paris entrait officiellement en vigueur le 4 novembre 2016, pour le plus grand bonheur de tous.
Promesse faite d’un avenir sain et d’actions menées de façon responsable… Enjeux de taille pour la planète ! Adieu les intérêts personnels, stop aux velléités : désormais, on travaille main dans la main en vue d’effectuer une transition écologique indispensable.
Sauf que…
So we are getting out. But we will start to negotiate and we will see if we can make a deal that’s fair. And if we can, that’s great. And if we can’t, that’s fine.
Donc, nous nous retirons. Mais nous allons commencer à négocier et nous verrons si l’on peu construire un accord juste. Si c’est le cas, c’est très bien. Et si l’on ne peut pas, tant pis.
Ce jeudi 1er juin, Donald Trump, ou le Président du deuxième pays le plus pollueur de la planète – responsable d’environ 13% des émissions de gaz à effet de serre – après la Chine, a décidé de quitter l’accord de Paris.
Une allocution d’une vingtaine de minutes lui aura suffi pour se targuer d’être le représentant du peuple américain, ne souhaitant que son bien-être et sa prospérité. Suivant sa logique quelque peu déconcertante, il est nécessaire de relancer les usines à charbon (très polluantes, principalement mises en cause dans les émissions de gaz à effet de serre) pour offrir aux Américains les emplois qu’ils ont perdu en cherchant à rompre avec cette énergie fossile. Quid des contradictions ? À l’heure actuelle, le charbon n’embauche plus que 50 000 personnes aux États-Unis quand l’industrie solaire en emploie 260 000. L’engagement des États-Unis de réduire de 26 à 28% leurs émissions de gaz à effet de serre d’ici 2025 tombe aujourd’hui… à l’eau.

« America First ». Vraiment ?
D’accord, Monsieur Trump. Vous n’êtes pas content et trouvez injuste le fait d’être soumis à des mesures plus contraignantes que la Chine en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Et pourtant… plus de responsabilités = pays plus puissant ?
Donc selon vous, si l’on ne renégocie pas l’accord sur le climat, et bien… tant pis. Tant pis. Peut-être vous rendrez-vous compte des limites au discours climatosceptique lorsque oui, vous aurez remis en marche des usines à charbon, mais que la Nouvelle-Orléans ne constituera plus qu’un souvenir après avoir été noyée par la montée de l’océan.
Money, money
L’argent, l’argent, l’argent. La lutte contre le réchauffement climatique coûte trop cher. C’est donc tout naturellement que Donald Trump a également annoncé le désengagement américain du Green Climate Fund, le mécanisme financier utilisé par l’ONU pour soutenir des programmes d’aide aux pays les plus pauvres. Nous nous adressons à un milliardaire, lui seul sait ce qui est bon : Il est tellement plus intéressant d’investir dans des émissions de télé-réalité ou de posséder le concours Miss Univers. Nous ne comprenons définitivement rien…
Restons confiants !
Note finale positive : en visite à Berlin le jour-même où Trump annonçait le retrait des États-Unis de l’accord de Paris, le Premier ministre chinois, Li Keqiang, a lui réaffirmé que son pays tiendrait ses engagements (pic des émissions d’ici 2030 tout en réduisant le niveau d’émissions de CO2 par point de PIB de 60 à 65% par rapport à 2005).
Une possible remise en question ?
L’accord de Paris prévoit un délai de 3 ans après l’entrée en vigueur de celui-ci pour le dénoncer, puis un an supplémentaire pour que le retrait devienne effectif. Cette longue procédure nous renvoie donc à fin 2020. Fabius, Donald Trump aurait peut-être besoin d’un nouveau petit coup de marteau pour réaliser l’ampleur de sa décision…
Image de couverture : photo by Jonathan Raa/Pacific Press/LightRocket via Getty Images