Une campagne menacée
Alors que la campagne pour l’élection présidentielle se déroulait sans incident majeur, l’assassinat de Xavier Jugelé a rappelé à tous les Français que la menace terroriste plane toujours au dessus de leur tête. Elle est présente et peut frapper à tout moment et ce malgré le renforcement considérable des mesures de sécurité dans le cadre de l’état d’urgence. En effet, ce sont plus de 50 000 policiers et gendarmes qui sont mobilisés sur l’ensemble des deux tours. Ce chiffre s’ajoute aux forces sentinelles qui sont au nombre de 10 000 soldats (dont 3000 en réserve). En tout, la France est donc protégée par plus de 60 000 forces de sécurité soit 1 policier ou gendarme pour 1000 habitants. La vigilance est de mise car la menace est réelle comme l’a souligné le ministre de l’Intérieur Matthias Fekl.
Des candidats sous haute surveillance
Depuis le début de la campagne, les candidats et leurs QG respectifs sont sous très haute surveillance pour que le déroulement du scrutin se fasse dans les meilleures conditions. En effet, si l’un des candidats venait à être dans l’impossibilité d’assurer sa campagne, l’élection devrait être repoussée par le Conseil Constitutionnel, l’instance compétente en matière d’organisation et de validation des élections. Les statuts des candidats en matière de protection sont tous différents. Par exemple, lors des primaires aucun candidat n’est protégé par le service public, c’est à dire la police. Seule exception : F. Fillon, qui bénéficiait de la surveillance de 4 agents du SDLP (Service De La Protection) grâce à son statut d’ancien Premier ministre (du gouvernement du Président Sarkozy). Autre cas à part, celui de Marine Le Pen, en réponse aux menaces qui pèsent sur son parti mais également sur sa personne et les valeurs qu’elle incarne, a le droit à plusieurs policiers du SDLP qui travaillent conjointement avec le service d’ordre du parti.
Protection
Mais plus concrètement, comment la décision est-elle prise de protéger ou non, un candidat à la présidence de la République ?
C’est l’unité de coordination de la lutte anti-terroriste qui centralise les demandes et les classe selon une évaluation du risque. Chaque candidat reçoit une note de 1 à 4, 1 étant le niveau de risque maximum. Tous ont été noté comme n’ayant pas besoin de protection particulière (4/4), sauf François Fillon (2/4) et Marine le Pen (3/4), le candidat LR ayant fait l’objet de menaces d’attentat jugées sérieuses par les services de sécurité.
Cette sécurité, assurée conjointement par la Police Nationale et le service d’ordre de chaque parti pose plusieurs questions. En effet, étant donné le contexte actuel, est-il vraiment nécessaire d’assurer la protection rapprochée des candidats alors qu’ils engagent des sociétés privées pour subvenir à ce besoin, aux frais du contribuable (compris dans les frais de campagne) ? L’État se retrouve donc à devoir rembourser d’une part ces frais pour les candidats obtenant plus de 5% lors du premier tour (qui emploient des services d’ordre), et à devoir financer d’autre part une protection des services de Police.
De petits incidents
De plus, l’utilité et l’efficacité de cette protection rapprochée est sérieusement mise à mal. De nombreux incidents ont touchés les candidats : la gifle sur M. Valls, la farine sur F. Fillon, l’oeuf sur E. Macron… Nombre de faits qui démontrent l’inefficacité relative de ces services. Par ailleurs, les services de sécurité de Marine Le Pen ont par exemple reçu les photos de plusieurs hommes recherchés, radicalisés et qui projetteraient de commettre des actes terroristes sur ses meeting. C’est à dire que des informations classifiées sont transmises aux services d’ordres des partis. On peut légitimement se poser la question de l’utilité de la présence de forces policières aux côtés des candidats, bien qu’il paraisse normal pour la République de protéger les hommes et les femmes qui doivent en assurer sa continuité.
Finalement la question de la sécurité durant l’élection présidentielle a été un facteur important et il semble intéressant de conclure sur cette phrase d’E. Macron :
les mecs de la sécurité c’est pas eux qu’il faut écouter, je ne serai jamais en sécurité parce que le pays est comme ça aujourd’hui […] parce que si vous écoutez les mecs de la sécurité vous finissez comme Hollande, peut être que vous êtes en sécurité, mais vous êtes mort.
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