T.E.S, le super-méga-giga-fichier
60 MILLIONS DE FRANÇAIS
Soixante millions de Français inscrits dans une même base de données, c’est ce qui s’apprête à se produire en France après l’adoption pendant le week-end de la Toussaint, en catimini, d’un décret inscrit le 30 octobre au Journal officiel. L’Alter Ego revient sur l’affaire secrète de la semaine !
T.E.S
Son petit nom est T.E.S, Titres Électroniques Sécurisés. Ce fichier géant prévoit :
la création d’un traitement de données à caractère personnel commun aux passeports et aux cartes nationales d’identité
En clair, de nombreuses informations telles que votre photo d’identité, votre date de naissance, votre adresse, votre taille, votre couleur des yeux, ou encore votre empreinte digitale seront regroupées au sein d’un même ficher électronique. Si le caractère intrusif de ce système ne fait nul doute, c’est la manière dont il a été créé qui pose problème.
La secrétaire d’État chargée du numérique, Axelle Lemaire, dénonce dans le journal l’Opinion un « dysfonctionnement majeur ».
D’après les dires de Madame Lemaire, le Ministère de l’Intérieur, à l’origine de ce décret, n’aurait pas pris la peine de la consulter. Des associations comme la Ligue des Droits de l’Homme s’inquiètent des ravages et des conséquences qu’engendrerait le piratage d’un tel fichier. Enfin la C.N.I.L (Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés) a formulé plusieurs critiques envers ce décret. Bien que Bernard Cazeneuve affirme que les données numériques présentes sur T.E.S soient sécurisées à 100 %.
Ce que l’on doit retenir :
Sentant la mayonnaise tourner, Bernard Cazeneuve, pour calmer les esprits, a dû mentir devant l’Assemblée nationale. Le Ministre de l’Intérieur a affirmé que la C.N.I.L avait validé ce fichier. Si cette dernière reconnait la nécessité de lutter contre la falsification des identités, elle dénonce véritablement le passage en force d’une telle mesure sans consultation des parlementaires et s’insurge sur le fait que le gouvernement n’ait pas pris en compte les dangers que représentent de telles données sur un fichier informatique.
Déjà proposé sous le mandat de Nicolas Sarkozy, T.E.S avait été largement contesté par la gauche et une partie avait été censurée par le Conseil constitutionnel. Et devinez qui avait dénoncé ce fichier à l’Assemblée à l’époque, en indiquant, à juste titre, que « toutes les bases de données peuvent être piratées » ?
Le Ministre actuel de la Justice, Monsieur Jean-Jacques Urvoas. Dire tout et son contraire, ne serait-ce pas le secret du jeu politique ?
IMAGe de couverture : libre de droit